Samedi 29 mars journée de débroussaillage à Notre-Dame-de-la-mer, oui mais voilà les premiers runs disponibles annoncent une journée potentiellement historique faisant croire aux premiers +300 km de mars.
Au fil des jours il est clair que ça ne sera plus le cas, cependant la journée pourrait toujours potentiellement être bonne.
Manque de vent en Normandie mais potentiellement une meilleure neb, Barneville possiblement bien travers, Evreux bien gênant as always, la Comté ligne bien nord qui va dans Paris, du vent bien fort à l'est de Paris... un véritable casse-tête météo se profile.
Levé à 2h50 du mat, check des prevs, la ligne de Barneville reprend de la neb plus au sud, même si le risque de vent faible/travers persiste cela semble un compromis correct, rien de sûr cependant journée très indécise.
Sur place ça part bien, les premiers cums apparaissent au loin devant le site mais la neb ne semble pas se lever derrière. Le vent lui est suffisant pour bien rider l'étang de la base de loisir mais le ressenti au déco est faible. L'heure tourne et personne ne semble vouloir prendre l'initiative, j'ai le record de mars en tête et je n'en peux plus, je craque et m'élance, il faut faire le start ou adios le record qui déjà s'annonce difficilement faisable. Bingo ça tient ! Hummm faiblement tout de même, du genre fais gaffe ça peut tanquer à tout moment dans n'importe quel creux thermique. D'autres pilotes décollent et il ne faudra pas bien longtemps pour que certains aillent ventre à terre direction l'atterro officiel pour éviter d'avoir à affronter un posé scabreux en bord de Seine parsemé d'obstacles.
Je tente l'assaut d'une ligne de cums à l'ouest du site bien loin, personne ne suivra, je zone pas mal et ne trouve rien de conséquent. Je décide de revenir vers le déco lorsque je vois une bonne grappe se former pour la première extraction de la journée... je suis assez loin, je fulmine et je me dis que c'est déjà mort pour le record vu comment ça monte difficilement sur site, il ne fallait pas rater ce train d'envol XC ! Fight pour ne pas tanquer, le retour déco n'est pas évident pour moi, je reprends enfin du dynamique plus consistant de quoi s'avancer un peu sur site et monter, bim un hélico passe pas loin devant nous... aye aye aye il y a moyen de prendre sa traînée, sauve-qui-peut je prends la fuite. Je me retrouve avec Romain dans un thermique passable qui nous permet tout juste de prendre un peu de hauteur, surtout de dériver... les autres semblent partis depuis une éternité il faut tenter l'extraction now ! Un joli cum nous tend les bras il faut jumper et lâcher notre thermique de première marche. J'y vais je fonce, je regarde derrière et là horreur Rom me lâche et tente le retour sur site. :/ ^^ Encore pas de bol je me retrouve solo dès le départ. Arrivé sous ce premier cum le thermique est finalement vite trouvé, centré jusqu'au plaf, je suis assez surpris au regard des conditions rencontrées sur site.
On se doit de respecter un passage à l'ouest de l'axe WN/WC/WD (Le Neubourg/Conches-en-Ouche/Damville (Mesnils-sur-Iton)) sous 5000 ft, go bien vers l'ouest vers un bout de cum, le vent est finalement bien présent, j'abandonne de suite l'idée de passer à l'ouest de Tours pour essayer de chopper une meilleure neb voyant que le "simple" crabage de respect de l'ouest de l'axe va être difficile. Deux ptit cums sympas et hop ça passe au bleu avec nuelles. Speed session transi sympa sous deux nuelles hors cycle, raccroche bien bas sous une dernière nuelle avant un bon bout de temps de bleu total qui rebondit pas mal.
Je passe enfin Conches-en-Ouche, Mesnils-sur-Iton est bien plus à l'est et le vol est désormais moins contraignant. La deuxième partie de crabage nous est imposée par Orléans-Bricy, ils ont de l'activité et si par le passé il était courant de pouvoir obtenir des autorisations de passage dans la TMA 7 Orléans ce n'est plus le cas avec la TMA 7 Tempo plus petite, l'espace de passage souvent autorisé ayant été libéré de l'emprise d'une TMA et repris par des ZRTs. Le vent NNO nous pousse vers la Tempo, il faudra continuer le crabage et viser Vendôme.
Passage à l'est de la ZRT Drone au sud d'Evreux, je commence à retrouver des nuelles et je devine une voile au loin.
Petit à petit il me semble distinguer une pointe de violet sur la voile et du bleu sur la sellette. Nannnn serait-ce... Franck ?? Humm et bien oui :) Je commence à mieux voler et bien risquer, plus qu'une transi supplémentaire et je suis sous Francky et je parviens à le rejoindre !! Yiahhhhh ça fait énormément plaisir d'être ensemble au plaf alors que j'avais me semble-t-il pas mal de retard.
Re cumulus bien formés pour quelques glides, je mets le turbo nous avons un objectif clair: la nouvelle voile devant nous, j'aperçois les couleurs de la bête, c'est guigui !! Ce jeu de poursuite commence à me plaire et me motive sérieusement, je fonceeeeee !! Mode #ParapentePoursuite activé :)
Je suis le premier à rejoindre Guido dans une fin de thermique, je ne prends pas la peine de m'attarder dans ce résidu de bleu, des ptites nuelles se forment devant à gauche, let's go en espérant que tout le monde me suive. Franck un peu en retard en a profité pour faire le plaf sous le dernier cum et esquive le résidu pour foncer vers la nuelle. On se retrouve pour un super passage bien haut dans une top synchro de ptet 3 rebonds de nuelles absolument jouissif. On aperçoit Guido bien bas sous nos ailes, ayant peut-être suivi tardivement. Là je me dis que c'est sévère, nous aurions pu être tous ensemble à profiter de ce joli passage...
Fin de notre mini rue de nuelles, le bleu revient s'offrir à nous, il faut continuer à pusher car le record est limite presque infaisable... ^^ Let's goooo !!!
Je me retrouve bas dans le bleu total, "abrutiiii pkoi tu pushes comme ça ???", Franck a mis le frein à main et reste bien haut derrière... :/ C'est parti pour du vol solo pendant un bon bout de temps. Premier point bas, merci la buse je remonte ! Deuxième point bas, plus délicat, concentration, je retiens mon souffle, j'en suis presque à fermer les yeux pour bien me focaliser sur les sensations, ça passe je remonte à nouveau ! Pfewwww une nouvelle nuelle yiahh !!! Next transi un cumm re yiahhh !!! :) 1400 m au plaf, j'aperçois Francky sur ma gauche bien plus bas !! Mon inévitable instinct grégaire reprend le dessus et je dévie vers lui désirant le rejoindre.Ce faisant, je perds un max d'altitude, là je me dis que j'aurais tout foncer tt droit et rester dans ma solitude ^^. Qu'à cela ne tienne je poursuis encore plus à l'est visant un cum, Franck ne me suit pas et se met à remonter dans le bleu en bordure ouest du cum. Je vise le milieu du cum et on se stabilise à peu près vers la même altitude bien éloignés, on remonte à peu près à la même vitesse, je le check à chaque tour pour voir s'il se met à monter plus vite que moi. Pas mal de ronds, ptit move puis je me cale dans du plus sérieux, bip bip bip bip, c'est bon ça je savoure !! Finally en approche du goal, Vendôme !! Je perds totalement Franck de visu, où est-il ?? Impossible de le retrouver, de l'attendre, il me faut encore deux jumps pour aller chercher le record.
Je quitte mon dernier cum de la journée, go Vendôme, donne moi un ptit thermique valable stp, plein milieu de la ville surchauffée, come on !! Bingo je commence à y croire !! Ça ne passe toujours pas, un chouilla de remontée vers 19h UTC+2, ça passe ?? Pas sûr... let's go final glide, il n'y a plus rien, profitons du flottement de fin de convection, 195 km, 196 ... ohhh une ligne THT au loin... nannnnn fck ^^ ... ça passe la ligne à 110 m AGL par là au km 198... je déteste ça... 198 km... 199... km, marque du précédent record, come on !! Jusqu'au bout du bout, virage avant de toucher les arbres, last second, 200 km straight sur XCSoar, yiahhhhh j'explose !!! :) ;)
What a flight !! Je pose entre des ptites poches d'eau dans un champs en terre, la voile en cobra pour minimiser l'empreinte au sol et ne pas la mouiller.
Incredible, un fight du début à la fin, un scénario de poursuite réussie pour in fine majorer la journée alors que j'avais fait un très très mauvais départ, malgré l'ouverture du bal. Quelle belle aventure, merci mme la plaine !
Texte et photo : Régis Fouret