Ligue Paris Ile de France de Vol Libre

La WEP 2 réunira à nouveau la Normandie et l'Ile de France autour du coach José pour une escapade entre Ardennes et Vosges.

photo 2025 05 13 19 28 03

  • Jeudi – Vol depuis Létanne

Le vent annoncé pour jeudi est de 20 à 25 km/h, venant du nord-est. Le rendez-vous au décollage de Létanne est fixé à 9h pour l’équipe de Ligue IdF et Normandie. Étonnamment, il n’y a presque personne sur place. Nous sommes quasiment seuls. Chacun s’affaire à préparer son matériel, doucement, en se mettant dans sa bulle.

photo 2025 05 11 08 02 22 2

 

Après un briefing sur les zones aériennes à éviter, quatre pilotes décollent à 10h50. Ils peinent à s’extraire dans un vent réel soufflant à 35 km/h. Depuis le sol, on dirait qu’ils sont scotchés en l’air : à peine commencent-ils à enrouler un thermique qu’ils reculent de 50 mètres. Ils restent en attente, cherchant le bon cycle. Finalement, 40 minutes plus tard, ils attrapent un thermique qui les propulse à 2000 mètres d’altitude. C’est le départ !

Au sol, le feu vert est donné. Les décollages s’enchaînent. À 11h50, c’est mon tour. À peine sorti du déco, je trouve un thermique qui me monte directement à 2000 mètres, avec une vario de +2,5 m/s.

Dès le départ, je choisis de m’orienter un peu plus au sud que le reste du groupe pour éviter de buter sur la TMA Paris 5 après Reims, et pour pouvoir passer sous la R63. Une fois Reims franchie, les cumulus commencent à se souder, et tout passe à l’ombre. Vers le kilomètre 80, je tombe à 500 mètres sol. Je repère un petit village ensoleillé à 1 km, en bord de Marne. Je m’y dirige, compte jusqu’à 10, et miracle : +3 m/s à 250 m sol, qui me remonte à 1500 mètres, enroulant avec un planeur ! C’est reparti pour un tour.

J’arrive ensuite au-dessus de Sézanne, exactement à l’angle de la TMA Paris 5. Finalement, avoir fait l’effort de descendre vers le sud dès le début du vol s’avère être un choix judicieux et confortable.

Image1

La dérive m’oriente maintenant vers le nord-nord-est. Je décide donc de mettre le cap sur Troyes, en crabant légèrement pour faciliter ma récupération. Au-dessus de moi, la TMA PARIS 7 s’étend à partir du FL65, soit 1980 mètres. Je dois bien gérer la sortie de mon dernier thermique pour ne pas y entrer.

Je survole une ligne de chemin de fer. À cette heure-ci, je me souviens qu’un train peut parfois décrocher une bulle paresseuse. Mais je suis déjà trop bas pour en profiter. Peu à peu, je commence à percevoir les odeurs des champs de colza, le bruit lointain des voitures, les arbres qui bougent sous l’effet d’un vent de 30 km/h, et les éoliennes qui tournent à plein régime.

Ces mêmes éoliennes, placées sur ma droite, m’empêchent de dégager dans le sens du vent. Il ne me reste plus d’option : je dois me préparer à me poser.

Bilan : 162 km parcourus à une moyenne de 38 km/h.

Un agriculteur vient à ma rencontre, curieux de savoir ce qu’il s’est passé. On discute un moment, puis je termine chez lui autour d’une bière. Ensuite, je trouve un stop en direction de Troyes, puis un Blablacar vers Belfort (merci Alex !), où je retrouve Hung et Philippe.

  • Vendredi – Repos à Fellering

Le lendemain, le vent est trop fort pour envisager un vol. On se retrouve donc tous au restaurant Wagga, à Fellering, à 11h, pour débriefer les vols de la veille et profiter d’un moment de repos. L’ambiance est détendue : tout le monde recharge les batteries, car la météo annoncée pour samedi est excellente !

                          Image2                   photo 2025 05 11 19 49 32

On décide de décoller le lendemain depuis le Drumont. Un léger vent d’est à 10 km/h est prévu, avec des plafonds estimés à 2500 mètres. Autant dire qu’on est impatients !

  • Samedi – Vol depuis le Drumont

Certains pilotes prévoient de réaliser un triangle FAI de 100 km, avec un point au nord, un autre à l’ouest vers Remiremont, puis un retour à Fellering.

         photo 2025 05 11 08 08 45                             Image3

Le groupe décolle vers 11h. L’air est déjà bien instable, avec des vario à +2,5 m/s et un très léger vent de sud-sud-est. Une fois à 2000 mètres, un premier groupe met cap au nord. L’équipe est efficace pour trouver les thermiques. On refait le plein pour franchir le col de Bramont, car ici, la vache n’est clairement pas une option.

photo 2025 05 12 18 14 09                                           photo 2025 05 12 18 14 08

Puis on poursuit le vol en crête, en survolant la station du Markstein.

Soudain, Édouard annonce à la radio avoir vu un pilote – qui ne fait pas partie du groupe – jeter son secours. Sans hésiter, il décide d’aller se poser à proximité pour appeler les secours. Un grand bravo à lui pour cette décision responsable.

Nous décidons alors de ne pas pousser plus au nord, et engageons la transition vers l’ouest en naviguant de cumulus en cumulus, très généreux. Le vol semble presque facile, à condition de rester haut, près de la base des nuages.

Je refais un plafond au niveau de Remiremont, ce qui me permet d’entamer la traversée de la vallée. Alex, Sophie et Zey sont un thermique derrière. Avant de quitter le thermique, je décide de tracer tout droit vers une zone de reliefs plats au sud-est de la ville. "Il y aura forcément un thermique qui se déclenche au sommet de cette colline, avec ce petit cumulus juste au-dessus !"

Mais j’arrive 50 à 100 mètres trop bas par rapport au sommet, et je reste coincé dans la dégueulante. Résultat : je me fais poser très vite. J’ai commis l’erreur de ne pas avoir prévu de plan B… Déçu de mon vol, mais heureux d’avoir identifié ce qui n’a pas fonctionné.

Image4

Pendant ce temps, Alex, Sophie et Zey choisissent une crête plus à l’ouest, plus accessible en finesse. Ils réussissent à rentrer à Fellering partent faire une branche au Sud-Est pour agrandir le triangle et bouclent un triangle FAI de 100 km ! Un immense bravo à eux, ainsi qu’à tout le reste du groupe.

Le soir, nous fêtons comme il se doit l’anniversaire de Cédric et Sophie — ambiance assurée !

Image5

  • Dimanche – Vol depuis le Drumont et retour à Paris

Les conditions météo sont similaires à la veille : un vent de sud-sud-est de 10 à 15 km/h, des plafonds annoncés à 3000 mètres mais un risque d’orages dans l’après-midi, vers 15–16h.

L’idée générale du groupe est de faire un point vers le sud, puis de remonter vers le nord afin d’assurer le retour à l’atterro. Je pars avec Alex, Mathias, Cédric, Jonathan, Julien, Sophie et Zey (j’espère n’avoir oublié personne) en direction du sud. Le cheminement est facile, les conditions très généreuses. Certains choisissent de transiter vers le Grand Ballon, mais de mon côté, j’ai une revanche à prendre sur mon vol de la veille. Je préfère assurer la remontée vers le nord en reprenant la même ligne. Je repasse au-dessus du déco, puis continue vers le Markstein. Les thermiques sont puissants, et à haute altitude, le vent passe soudainement au nord-est. Étrange…

Je décide alors d’amorcer ma branche vers l’ouest, en direction de Remiremont, à la fin de la ruelle de nuages. Mais rapidement, je constate qu’il pleut sur Remiremont, et qu’un castellanus commence à prendre forme. Plutôt que de m’obstiner, je change de cap : cap Nord Ouest, vers la plaine et le ciel bleu.

Je me retrouve alors avec un vent de face d’environ 10 km/h. J’en déduis que le castellanus est en train de se transformer en cumulonimbus, et que toutes les directions de vent convergent vers cette masse noire et vertigineuse. Il est temps de se poser "safe".

Comme toujours, nous remercions la ligue pour les subventions accordées pour l'organisation de ces entrainements et notre coach José qui sait toujours nous emmener au bon endroit au bon moment !

Texte rédigé par Clément Eigenschenck